L'Atelier
de

Bonjour, et bienvenue dans mon atelier, un espace de création, de liberté et d’expérimentation.
Sur cette page que je mettrai à jour régulièrement, vous trouverez du contenu que j’ai auto-produit. Aujourd’hui des contenus pédagogiques très riches et complets sont accessibles à tous sur internet, et ainsi il est assez simple de se renseigner sur des sujets divers et variés.


J’espère que cette promenade vous surprendra par la diversité et l’originalité des projets que je vous présente, peut-être incitera certaines personnes à se lancer dans la grande aventure de la création de projets en autonomie totale, et j’espère vous inspirera par son contenu artistique.
Je vous souhaite une belle découverte.

Johann Sebastian Bach

Chaconne

La Chaconne pour moi, c’est un monument, une pièce qui m’a toujours énormément inspiré. J’ai commencé à la travailler à la fin du 2ème confinement en décembre 2020 et c’est une pièce qui a toujours suscité chez moi beaucoup d’émotion et de motivation à l’approfondir, à la travailler, à la réfléchir…

Bach apprend à son retour de voyage que sa femme est décédée et enterrée depuis 10 jours, à la suite de cette annonce dramatique, il écrit cette chaconne. Mais cette musique étant si universelle, chacun a la liberté de la ré-interpréter, de s’approprier sa signification personnelle à travers son vécu et son imaginaire. 

J’ai voulu en faire une transcription pour violoncelle qui respecte cette dimension si incroyable. Mon idée était de partir de la partition de violon et de rester au plus proche du texte, d’essayer de réaliser tous les accords, et dans la même tonalité que l’originale. Le problème avec ce parti-pris est que la réalisation en devient extrêmement difficile au violoncelle, et du coup la difficulté peut se ressentir dans l’expression. La chaconne, par nature, est une seule grande phrase, donc cette dimension de fluidité était quelque chose de vraiment essentiel dans ma recherche.

 

 

L’enregistrement de cette pièce a été très spécial. J’ai choisi de le réaliser en pleine nuit. C’est une liberté que que m’a permis la Chapelle Reine Elisabeth d’enregistrer de 23h à 4h du matin. J’avais envie d’être dans une ambiance très particulière, d’être dans le calme absolu, d’être dans une sorte de transe pour enregistrer cette pièce, et donc il m’a semblé tout à fait évident de le faire de nuit. L’ambiance de la nuit représente toujours quelque chose d’extra-ordinaire, de très spirituel et presque monastique, et pour enregistrer cette pièce je ressentais vraiment profondément le besoin de le faire dans une atmosphère et un lieu très particulier. La Chapelle Reine Elisabeth est un lieu magique, entouré par la forêt, aux légendes du fantôme de la Reine et convenait tout à fait à l’ambiance un peu mystique que je recherchais.

 

Concernant la partie de la réalisation, le défi était de parvenir à simuler 6 angles de caméra avec seulement 3 caméras. Etant complètement seul sur ce projet, je devais gérer les angles entre chaque prise, puis ensuite les re-synchroniser quasiment note à note sur l’enregistrement final. C’était un travail de folie. il y a à peu près un mois de post-production vidéo derrière l’enregistrement. J’avais envie d’être perfectionniste, donc je suis allé vraiment au bout de mes idées, c’est ce qui est vraiment génial quand on est décisionnaire sur chaque maillon de la chaîne de la production, on n’a aucune limite. Donc j’ai vraiment voulu aller chercher dans les détails de l’interprétation tout ce qui était perfectible. A quel point garder la dimension de l’erreur humaine dans un enregistrement ? Comment exprimer des sentiments par l’image et le son ? Ce type de questions se sont posées et ont beaucoup fait évoluer ma vision de l’enregistrement. C’était ma première production majeure de multi-caméras autonome, donc évidemment ça a été pour moi beaucoup de temps passé mais aussi beaucoup de progrès, de nouvelles compétences acquises, et je sais qu’à l’avenir je pourrai bénéficier de cette expérience.

anton Bruckner

OS Justi WAB 30

J’ai toujours été fasciné par cette pièce pour choeur de Bruckner. Sa construction harmonique n’est pas extrêmement complexe mais les crescendo ont toujours provoqué chez moi un effet quasi orgasmique !

J’ai donc voulu recréer cet effet choral en enregistrant huit parties de violoncelles superposées. Se pose immédiatement la question de l’intonation lorsque l’on joue « à plusieurs ». J’ai choisi ici d’employer un mode de justesse qu’on utilise tous les jours avec le Quatuor Arod : la justesse harmonique, aussi appelée intonation pure. 

Elle se base exclusivement sur la manière dont une corde vibre, en produisant une série d’harmoniques – appelée série de Fourier en mathématiques. Chaque accord est donc construit en suivant cette série. Peut-être qu’un jour j’écrirai un article sur le détail de ce fonctionnement très complexe… En tous les cas, dans ce monde de l’intonation harmonique, on emploie un nombre impressionant de différentes hauteurs de notes. En effet, un piano a 12 demi-tons par octave, j’en utilise plus de 80… A méditer !

Gabriel Fauré

Après un rêve

Cet enregistrement est assez unique, déjà par sa dimension de réalité virtuelle. C’est un concept que je voulais expérimenter depuis longtemps dont j’avais imaginé les contours mais ne possédais pas forcément les moyens nécessaires pour le réaliser comme je le pensais. Et c’est pendant le premier confinement que m’est venue cette idée, à force d’être cloisonné dans une pièce pendant des mois. Je cherchais comment sortir du contexte d’une pièce en enregistrant, et m’est venue l’idée du fond noir. C’est de cette manière que j’ai pu réaliser cette « réalité virtuelle », qui est en fait une une vidéo avec un champ de 180 degrés dans lequel il est possible d’évoluer librement.

 

Le matériel avec lequel j’ai réalisé cet enregistrement était vraiment très simple. Le confinement m’a forcé à quitter mon domicile à toute vitesse, sans réfléchir, sans emporter de matériel spécifique excepté des micros et une caméra très basique, et c’est ensuite sur place que j’ai eu l’idée de ce fond noir. J’ai vraiment transformé une pièce de la maison en studio d’enregistrement avec un fond noir de 5 m sur 5 m ! Ces vidéos sont donc sept plans fixes qui sont mises les unes à côté des autres, filmées sur fond noir, ce qui permet de créer l’illusion de ne pas se restreindre à un espace donné. On sort d’un contexte figé. Et cette pièce, « Après un Rêve », est une pièce assez universelle autour de laquelle on peut facilement laisser libre cours à son imagination… Et j’avais vraiment ce désir de pouvoir la sortir d’un lieu donné, d’en faire un enregistrement d’un lieu uniquement rêvé de façon à ce qu’à la place du fond noir, on puisse s’imaginer n’importe quel lieu, n’importe quel espace, …

Cette liberté de lieu a donné beaucoup de liberté aussi dans la conception du son que je voulais rendre : souvent dans la prise de son classique, on cherche à imiter plus ou moins l’espace dans lequel on a filmé pour que ce soit cohérent. Là c’était assez intéressant grâce au fond noir de n’avoir aucune restriction.

Le son que j’ai sorti avec cette vidéo est aussi assez unique : c’est un format qu’on appelle de l’ambisonie. Au lieu d’avoir un son à deux canaux – un canal gauche et un canal droit – on a un son à 4 canaux, ce qui permet au lecteur vidéo de le faire évoluer en fonction de là où on regarde. J’ai choisi de garder ça de manière assez fine pour pas que ça perturbe l’écoute de la pièce en elle-même mais si vous prêtez attention avec un casque on peut entendre : si vous regardez sur la gauche de la vidéo, vous entendrez la mélodie un peu plus à droite et si vous regardez plus à droite elle sera un peu plus à gauche. C’est un format de son évolutif qui suit le regard. Cela correspond déjà à une immersion assez intéressante, mais aussi à notre démarche naturelle d’audition lorsqu’on écoute un concert. On va parfois écouter un musicien en particulier, et donc notre attention va se concentrer sur ce musicien, avec les autres qui restent dans le contexte évidemment mais pas avec le même focus. Ce format de son essaye de reproduire cette démarche. Pour moi, c’était une expérimentation de ce point de vue là. C’est le premier projet que je faisais en ambisonie et j’ai beaucoup appris sur justement ces formats, et j’aimerais justement continuer à travailler dans ce sens de temps en temps parce que, surtout lié à la réalité virtuelle c’est un format que je trouve extrêmement intéressant par son interactivité et donc l’immersion qu’il permet.

 

Pour l’enregistrement de cette pièce j’ai aussi été confronté à une problématique très spécifique liées au re-recording – le fait d’enregistrer des voix superposées : Par où commencer ?

Est-ce qu’on commence par enregistrer l’accompagnement (qui est assez simple, qui est une série de notes répétées, de valeurs égales) , ou est-ce qu’on commence par enregistrer la mélodie (qui doit rester très libre, au risque de créer des désynchronisations avec l’accompagnement) ? C’est une question qui a mis beaucoup de temps à trouver sa réponse, beaucoup d’essais infructueux ! Au début il me semble avoir commencé par les croches, mais du coup j’étais pris dans un étau pour enregistrer la mélodie. Et puis ensuite à l’inverse, j’ai commencé par enregistrer la mélodie, mais ça créait des croches beaucoup trop irrégulières pour avoir un flux naturel. Donc la solution à laquelle je suis parvenu finalement, fût de créer d’abord une sorte de plan d’interprétation de la pièce en chantant. J’ai enregistré une première piste en chantant la mélodie, et en imaginant dans la mélodie comment allaient être les croches en les subdivisant dans la mélodie, et ensuite je me suis servi de cette base pour enregistrer autour la mélodie et les croches. Finalement, c’est une méthode de travail pour le re-recording dont je me suis servi souvent par la suite, et j’ai trouvé ça assez amusant de partager ça avec vous, parce qu’on ne pense pas forcément à ce type de problématique avant d’avoir commencé à rentrer dans le vif du sujet. C’était une des premières pièces que j’ai enregistré en re-recording, après Moon River

Cet enregistrement venait de la volonté de trouver un nouveau format pour le re-recording, quelque chose de plus unifié, de plus innovant par la dimension de vidéos en réalité virtuelle, d’expérimental par ce format audio qui est l’ambisonie, …

Jacob Collier

Flintstones

Ce projet est un projet en cours de construction, l’idée est de partager avec vous un début d’idée, que je finirai un jour certainement.

 

Le défi majeur de ce projet consiste à reproduire une complexité rythmique et harmonique de manière claire et compréhesible. Cela passe par une précision verticale absolue, ciselée en post-production, parfois même enregistrée à la moitié du tempo final et accelérée afin d’arriver à un résultat à la hauteur de mes exigences. Ces 30 secondes de musique représentent plusieurs dizaines d’heures de travail, c’est pourquoi je me permets de partager ce projet en cours de réalisation car il me faudra certainement plusieurs années pour libérer le temps nécessaire à sa finalisation. 

Cependant, je suis déjà très heureux de ce premier jet, donc je partage ce bonheur avec vous !